Peut-être les lecteurs de longue date de ce blog se demandaient-ils si cette série à suspens allait avoir, si ce n'est une fin, au moins une suite. Pour les abonnés récents ou les lecteurs de passage, nous ne sommes certes pas dans "Game of Thrones", mais plutôt dans une série naturaliste près de chez moi et je vous invite, avant de poursuivre, à reprendre les textes précédents pour ne pas être totalement paumés dans cette intrigue à multiples rebondissements !
Je vous avais donc quitté sur les bords d'un étang à la sortie de l'hiver, prenant un héron pour un martin pêcheur, à moins que ce ne soit le contraire ... allez-savoir. Puis plus rien ! Le vide absolu ! Aucune nouvelle ! Je ne suis pourtant pas de ces girouettes qui changent d'idylle comme de chemise, quittant une passion pour une autre à la moindre difficulté, non. Mais les circonstances après cette dernière visite du 29 février allaient radicalement changer, je vais vous en donner l'explication.
Alors que le monde allait s'enfoncer dans la crise sanitaire et la moitié de la population humaine se retrouver du jour au lendemain confinée, un bouleversement plus terrible encore se tramait à l'échelle d'un étang, quelque part en Bourgogne. Les berges de celui-ci étaient encombrées par quelques troncs tombés là, sans doute par l'ire du vent, et il avait été décidé qu'il fallait faire place nette, ce qui modifierait par conséquent l'équilibre précaire d'un microcosme dynamique mais fragile.
Une pelleteuse fut donc amenée au bord de cet écosystème pour effectuer les travaux de "nettoyage" et ces opérations, pour modestes quelles semblent pour nous humains, allaient profondément perturber les habitants des lieux. Parmi les effets collatéraux de ce remue ménage, le martin pêcheur qui avait pris ses habitudes en ces lieux et en avait fait sa table favorite allait disparaître pour un bon moment, sans même qu'on sache s'il allait revenir.
Dès lors, du jour au lendemain, plus d'éclair bleu, plus de cri flûté, plus rien d'autre que des roseaux et des arbres vides de ce que je cherchais. Je redoutais que le dérangement ait été tel que l'oiseau avait fini par jeter son dévolu définitivement sur une autre étendue d'eau, à mon plus grand regret. Mes balades quasi quotidiennes de la période confinement ne me donneraient pas une occasion de l'apercevoir et j'étais résolu à poursuivre mes recherches ailleurs une fois que l'interdiction de circuler serait levée.
Puis, il y a environ deux semaines de cela, dans cette même zone de gravière que je fréquente quasi quotidiennement, j'ai à nouveau perçu le cri caractéristique du pêcheur, sans même le voir, mais ce simple appel avait réussi à rallumer une flamme qui ne s'était sans doute pas vraiment éteinte. Je repris mon patient travail d'observation, à chaque passage quelle que soit l'heure, pour comprendre les rituels et les habitudes du nouvel occupant. Impossible de savoir s'il s'agissait du même animal ou si la place avait été prise par un congénère, mais il était évident que les branches de repos ou les postes de chasse de l'oiseau avaient changé. Hier soir, j'ai repéré une zone favorable, étudié où je pouvais m'installer pour établir un affût, et j'ai repris, dès 7 heures ce matin, mon attente et ma contemplation...
J'aurai sans doute l'occasion de vous narrer plus en détail le déroulé de ces presque deux heures d'observation, mais je ne résiste pas au plaisir de vous présenter le portrait que j'ai pu faire de notre ami, Martin de son prénom, Pêcheur de profession.
Patience et .... récompense ! Quel cadeau! Merci