Depuis la fin de l'année dernière et la découverte du lieu de vie d'un martin pêcheur, je multiplie les visites pour apprendre les habitudes de l'oiseau, les branches sur lesquelles il vient se poser, ses parcours et les lieux qu'il fréquente. Cette connaissance approfondie est la clef indispensable pour arriver à établir un lieu d'affût qui sera propice à son observation au plus près.
Cette condition, bien que fondamentale, n'est cependant pas suffisante, l'affaire nécessite non seulement une bonne préparation, une dose de temps non négligeable, des efforts répétés mais, au final, un peu de chance. Cette incertitude fait en réalité tout le sel de l'aventure et la réussite systématique serait finalement terriblement ennuyeuse.
A chaque visite, j'ai eu le privilège d'entendre le cri perçant de l'oiseau avant de percevoir son vol rectiligne au-dessus de l'étang. Régulièrement, il est venu se poser, pour quelques secondes, sur des branches dans mon champ de vision, mais la brièveté de ses passages ne m'a que rarement permis d'orienter mon objectif dans sa direction et de faire un cliché exploitable. Il m'est cependant arrivé d'appuyer sur le déclencheur, mais au milieu d'un fouillis de branchages, ou en raison d'une netteté insuffisante, la photo n'a jusqu'alors jamais été celle que j'espérais. Qu'importe, pendant ces courts instants, je retiens ma respiration et je me fais invisible et j'observe. Disparaître, ne serait-ce que quelques secondes, au regard des être les plus méfiants est un sentiment incroyable.
Loin d'engendrer de la frustration, ces tentatives ne font que m'encourager à poursuivre. Les visites régulières de l'oiseau semblent indiquer que je ne le dérange pas, condition sine qua none pour que je poursuive ma quête. De plus, pendant ces heures d'attente, quel bonheur d'être simplement attentif à la vie qui se déroule autour de soi, simplement spectateur sans être, pour une fois, en action. Je me sens l'invité du spectacle grandiose de la nature, à petite échelle certes, mais à des années lumières de la trépidation de nos modes de vie habituels. Ces parenthèses sont une respiration, des instants de grâce, des moments strictement nécessaires pour prendre conscience du vivant, toujours présent, mais de moins en moins visible.
Au final et quelle que soit mon intention initiale, il faut savoir prendre ce que la nature nous offre. Je suis venu photographier un martin pêcheur, et ce jour là, un héron souhaitait se faire tirer le portrait. Et bien soit ! Tournez-vous un peu de profil, on ne bouge plus ... merci !
Merci Colette... il se pourrait qu'il y ait double ration cette semaine !
J’attendais le reportage hebdomadaire. Tres satisfaite et par le texte et par la photo! MERCI