Il faut bien le reconnaître, la photographie de paysage est en grande partie affaire de chance. Contrairement au studio, univers clos dans lequel le photographe peut, s'il en a les compétences, maîtriser les principaux paramètres de la prise de vue, l'extérieur dicte ses conditions et on doit faire avec et essayer d'en tirer partie. La lumière, élément essentiel pour réaliser un cliché digne d'intérêt, non seulement ne se commande pas, mais est en plus instable, insaisissable, changeante et inconstante. On ne peut l'amadouer, mais on peut cependant, grâce à une préparation minutieuse, choisir ses moments pour maximiser l'espoir de revenir avec de belles images. Il faut aussi s'armer de patience et reconnaître qu'on est tributaire du bon vouloir des cieux !
Il faut connaître les lieux, les horaires de lever ou de coucher du soleil, savoir quelle heure est propice à faire ressortir tel relief, à souligner une courbe de terrain, aller sur place et arpenter la zone encore et encore. Il faut regarder les prévisions météo, être disponible pour être au bon endroit au bon moment, croiser les doigts pour que la magie opère, ce qui, malgré les efforts préalablement consentis, n'est jamais une certitude. Le travail réduit la part de la chance dans l'équation mais ne la supprime pas, et on a parfois un peu l'impression de jouer à la loterie, certaines périodes apportant plus de tickets perdants que de gagnants.
Un domaine échappe encore plus à ma compréhension que tous les autres. En effet, une alchimie particulière semble opérer à la surface des plans d'eau. Cette mince frontière entre le monde du dessus et le monde du dessous présente une multitude d'aspects, changeant à la moindre brise, réagissant à chaque variation de lumière et malgré une assiduité sans faille et des visites très régulières au bord des étangs, je suis toujours incapable de savoir à quoi m'attendre en arrivant sur la berge. Le même lieu peut proposer un miroir parfait un jour, reflétant avec la plus grande fidélité arbres, nuages, lune et trainées d'avion, et le lendemain, la même surface parcourue de frissons ne propose plus rien.
Les couleurs évoluent également sans cesse. Un jour bleu clair, le lendemain vert bouteille, avant que les nuages d'orages ne transforment la surface en plaque d'ardoise peu engageante. Impossible à prévoir, mais cette incertitude apporte aussi son lot de bonnes surprises et il arrive que, par un matin de printemps, le plan d'eau muet de la veille consente à me parler et me permette de mettre en boîte une double portion de ciel et autant de nuages ...
Magnifique...
Très beau. Bravo, chasseur.... d’images