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Photo du rédacteurGilles Buffet

Contemplation

On me demande souvent à quoi je pense lorsque je reste deux heures à attendre, immobile, qu'un chevreuil, un oiseau ou un renard veuille bien se présenter devant mon objectif. Concernant ce dernier, j'avoue qu'une certaine impatience commence à poindre, n'ayant jamais jusqu'à présent trouvé un endroit où Maître Goupil daigne se présenter. Cependant, quelle que soit l'issue, la préparation, l'imagination et l'attente font partie du jeu, et ce sont sans aucun doute ces éléments qui apportent le sel à l'aventure.


Notre société et notre mode de vie tentent de satisfaire nos besoins avec le plus d'immédiateté possible, consommation et "satisfaction client" oblige. Nous nous y sommes habitués et la frustration pointe vite le bout de son nez lorsque le moindre de nos caprice ne trouve pas son exutoire dans l'instant. Ouvrons les magasins le dimanche, commandons sur internet et soyons livrés en mode express ! Les soldes se doivent d'être consommés dès l'ouverture du magasin, quitte à devoir piétiner nos congénères pour décrocher le sain Graal, une friteuse, une paire de pompes supplémentaire ou le dernier gadget à la mode sans lequel notre vie n'a pas la moindre saveur.


Alors, à quoi peut-on bien penser, assis comme un c.. dans le froid et souvent l'inconfort, dans un bois ou sur les bords d'une rivière sans le moindre réseau, condamné à rester immobile et silencieux, sans rien faire ? Personnellement, je ne pense qu'à ce qui m'entoure, j'écoute, je hume, j'observe et je profite de chaque instant, imaginant l'animal tant espéré arrivant par la droite, ou la gauche, se postant là, juste devant, ou derrière le buisson qui m'empêchera de l'observer dans de bonne conditions. Là, à gauche, j'entend la trille d'un merle, puis une minute plus tard, un souffle de vent ride la surface de l'eau. La lumière augmente sensiblement, faisant virer l'horizon du violet à l'orange, avant que le soleil allume la scène ou décide de rester caché derrière une barrière de nuages. Un vol de cormorans passe au moment ou une aigrette lance son cri rauque et qui me fait presque sursauter. Les minutes passent, puis une heure s'est écoulée. Je n'ai pas vu le temps passer, ce ne sont que ma vessie ou mes doigts de pieds qui me rappellent qu'il est finalement l'heure de lever silencieusement le camp.


Ai-je vu ce que j'étais venu chercher ? Certainement, j'ai contemplé !



grande aigrette

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