J'ai déjà évoqué la joie quasi enfantine avec laquelle j'accueille les flocons hivernaux. En proximité de Dijon, force est de constater que les chutes de neige ne sont pas légion habituellement, et que le réchauffement climatique, avec lequel on nous bassine à longueur de journée et qui doit être une manipulation mesquine des scientifiques, ne va pas aider à retrouver la froidure d'antan. Cette année particulièrement, février se prend pour avril, les bourgeons qui n'attendent que ça pour sortir de leur léthargie s'en donnent à cœur joie, et il s'en faut de peu qu'on puisse sortir le salon de jardin et le barbecue qui va avec. Il n'y a décidément plus de saisons ma pauv' dame !
J'espérais au moins qu'une semaine de vacances dans le Haut Jura allait me fournir ma dose de poudreuse pour l'année, mais les prévisions météo ne tournaient décidément pas très rond et j'hésitais à remplir ma valise avec un maillot de bain en lieu et place des affaires de ski, j'exagère à peine ! En tout état de cause, la Transju avait été annulée et à notre arrivée sur notre lieu de villégiature, 1200 m d'altitude quand même, les chatons des noisetiers bourgeonnaient à qui mieux mieux et il faudrait se lever tôt pour trouver trace de neige. La forêt du massacre (revoir l'histoire de François Ier) était une sorte de dernier refuge pour skieurs en mal de terrain de jeu, et la glace du matin laissait place rapidement à la flotte. Le ski devenait nautique.
L'espoir reposait maintenant sur les prévisions des météorologues, dont le métier consiste généralement à faire passer les prévisions des économistes pour fiables, qui annonçaient des chutes de neige soutenues et abondantes ! De là à penser que ces prévisions étaient établies sur mesure pour des touristes en mal de sports d'hiver, il n'y avait qu'un pas... et pourtant !
Après une journée de mardi qui tourna au déluge, les premiers flocons apparurent en fin de soirée, puis ils redoublèrent durant la nuit jusqu'à constituer une belle couche de poudreuse de près de trente centimètres. La matinée ne changea pas la donne et nous donna une occasion en or de nous moquer des touristes occupés à des tentatives désespérées de montage de chaînes. Quoi qu'il en soit, cela faisait des années que je n'avais vu pareille tempête et la forêt alentour mugissait sous les assauts du vent. Un vrai blizzard !
A l'occasion d'une accalmie, nous nous aventurâmes sur les chemins forestiers, faisant la première trace comme des explorateurs sur la banquise ou sur une plage du bout du monde. Le spectacle était magnifique et le soleil, qui fit spécialement pour nous quelques apparitions, rehaussa le spectacle en faisant briller la moindre branche, ployant sous son fardeau. Au cœur de cette scène, presque uniquement du blanc, subtilement rehaussé du gris des troncs, du vert des sapins et de l'ocre des feuilles de hêtres, restées accrochées à leur rameau pour contempler l’événement !
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