"Choisir, c'est se priver du reste" - André Gide
Dans le post que je publiais la semaine dernière - Le témoin privilégié (deuxième partie) - j'illustrais mon propos avec une photo prise le matin même, au bord des gravières du village, seul lieu que je puis fréquenter, chanceux que je suis, en cette période de confinement et de restriction de nos mouvements. Durant la demi-heure passée au bord de cet étang, j'ai profité du spectacle se déroulant devant moi, des évolutions subtiles qui modifiaient la scène par petites touches, comme le temps modèle les choses et les êtres sans qu'on puisse en capter les variations au jour le jour, mais en finissant par les constater quand-même à un moment ou à un autre.
Pendant ce laps de temps, j'ai fait plus d'une cinquantaine de déclenchements, modifiant ici le cadrage, ajustant là la profondeur de champ ou faisant varier l'exposition. Les contrastes matinaux rendent l'exercice difficile et il faut pouvoir tester plusieurs réglages pour espérer obtenir des images exploitables. De retour à la maison et impatient de voir sur l'écran d'ordinateur ce qu'avaient donné mes différentes tentatives, je fus agréablement surpris de constater qu'une bonne partie des options prises avaient plutôt bien fonctionné et que j'avais finalement une quantité significative d'images pouvant être retenues. Le plus dur commençait ! L'exercice de la sélection est en effet parfois difficile à opérer puisqu'il faut trier, rejeter et donc renoncer. Certaines tentatives, certaines options, certains réglages aboutissent à des échecs et la corbeille est alors la seule destination possible, mais il reste toujours à la fin plusieurs clichés qui méritent le coup d’œil.
En l'occurrence et bien que toutes ces photos eussent été prises au même endroit, quasiment au même moment, le résultat final était sensiblement différent. Les acteurs étaient pourtant les mêmes : les arbres, l'étang et sa surface réfléchissante, le ciel et les nuages qui quand-même sont indisciplinés et n'arrêtent pas de bouger, et enfin le soleil qui poursuit sa course, à moins que ce soit nous qui le fassions s'élever à l'horizon ... d'aucuns prétendant que la terre est plate, je finis par ne plus savoir qui croire ! Bref, chaque changement, si subtile soit-il, dans l'arrangement et la disposition des choses donnait un rendu singulier, et il ne fallait pourtant qu'il n'en reste qu'une.
La puissance de la photo publiée la semaine dernière ne souffrait d'aucun doute, les rayons perçant les nuages et se reflétant dans l'eau donnaient une dynamique exceptionnelle au cliché ; j'avais donc ma lauréate. Cependant et comme c'est rarement le cas, je trouvais dommage de mettre de côté une autre image prise un peu plus tôt, alors que le soleil ne se résumait qu'à une boule rouge orangé. J'ai donc fini par choisir de ne pas trancher. Aussi je vous propose également cette photo, vous défendant de considérer ça comme de la fainéantise ou de la facilité ! Vous pourrez toujours comparer l'une et l'autre et me dire celle que vous préférez.
Coucou Gilles,
Cette photo m'interpelle, car elle reflète exactement mon état d'esprit ce matin. Le soleil se montre, mais des nuages noirs sont présents et créent un doute sur la clarté à venir… Les rougeurs donnent une grande qualité
à l'image, mais orage ou temps calme à venir ? On verra. On ne sait pas.