Les connaissances scientifiques relatives à la vie de l'arbre se développent, et plus l'on en sait, plus les mystères qui entourent son existence semblent se renforcer. On commence à peine à comprendre la complexité des mécanismes qui lui permettent de se développer, de se protéger des agressions et même de communiquer ! Les connexions qu'il entretient et développe avec ses congénères et une multitude d'organismes, des plus simples aux plus évolués, font de lui un maillon essentiel au développement de la vie, une pièce indispensable du puzzle. On sait bien entendu combien le processus de la photosynthèse est précieux pour rendre notre monde habitable, et combien les menaces pesant sur ces pièges à carbone fabuleux peuvent mettre en péril l'équilibre subtil qui régit la vie sur notre planète.
Notre lien avec l'arbre remonte au temps où l'humanité n'était pas encore, et où des primates qui allaient bientôt s'émanciper et se redresser, y trouvaient alors refuge. Notre main, et en particulier la position de notre pouce, est là pour le rappeler ; voyez comme une branche s'y loge parfaitement ! L'homme moderne continue de dépendre largement de l'arbre pour sa civilisation, et nous avons abondamment utilisé le bois pour nous chauffer, pour nous abriter, pour nous défendre et pour travailler.
A titre personnel, j'ai une réelle fascination pour ces géants et une attirance particulière pour les vieux spécimens, pourtant rares. Le paradoxe est que leur espérance de vie dépend essentiellement de nous, et que nous avons une fâcheuse tendance à les couper alors qu'ils ne sont que des jeunots, sans laisser se développer le potentiel phénoménal qu'ils renferment. Un vieux sujet est un puits de bio diversité mais on les laisse rarement sur pied suffisamment longtemps pour leur laisser exprimer tout ce qu'ils ont à offrir. Lorsqu'on fait de la photo de nature, on voit combien ils structurent le paysage, et je me suis rendu compte que sans y prêter réellement attention, ils constituaient la plupart du temps les personnages principaux de mes images.
Lors d'un séjour dans le Cantal, j'ai eu la chance de pouvoir croiser des arbres assez exceptionnels auxquels je ne suis plus habitué dans les forêts bourguignonnes, largement surexploitées. Un tilleul magnifique a notamment attiré mon attention lors d'une promenade matinale. La ramure de cet arbre était impressionnante, son port fabuleux et il était d'une ampleur digne d'un multi-centenaire.
J'ai pris le temps d'en étudier la forme, de voir comment la lumière matinale jouait à travers les feuilles, de comprendre la structure des branches principales pour choisir un profil intéressant et pour essayer de transcrire par l'image la beauté de ce vénérable sujet. Je ne bénéficiais pas du recul nécessaire pour en saisir l'immensité, mais ce portait "serré" permet d'imaginer la taille ce cet arbre, son âge, et d'en percevoir la formidable beauté.
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