Pointe de La Hague, été 2021.
En ce jour de mois d'août, la côte Normande avait décidé de nous offrir un peu d'automne à l'avance, histoire de faire bénéficier d'un peu d'air frais et d'embruns aux touristes parcourant le sentier littoral. Non pas que la météo se soit montrée jusque-là particulièrement clémente, les standards locaux étaient bien respectés, 20° sur la plage et 14° dans l'eau, mais deux jours de suite, le ciel avait été tellement dégagé que nous avions réussi l'exploit de nous faire griller les mollets. Le passage à la pharmacie locale pour acheter de la Biafine était sans doute suffisamment rare pour que ça mérite d'être signalé. La parenthèse estivale semblait donc vouloir se refermer pour quelques temps, et nous pouvions donc reprendre nos pérégrinations côtières sans devoir se protéger du soleil comme un bédouin au milieu du Sahara, toutes proportions gardées bien entendu.
Les rochers de ce superbe coin de France se trouvaient donc chahutés au point d'étonner le pur terrien que je suis. Ça claquait, giclait, grondait et écumait à tout va. Les zones de baignades n'en étaient pas moins vides que les jours précédents, mais l'idée d'aller tremper nos gambettes ne nous effleurait même plus l'esprit. Quoi qu'il en soit, nous profitions du spectacle depuis le promontoire que nous parcourions, embrassant du regard ce que pouvait être la puissance de la nature alors qu'il ne s'agissait probablement que d'un simple décrassage, une mise en bouche avant que le temps des tempêtes n'advienne.
Approchant du rivage après une longue descente offrant un panorama superbe sur les falaises, nous arrivions finalement sur la grève. Le ressac faisait rouler les galets dans un chuintement décroissant, avant qu'une prochaine vague ne relance un nouveau SHHHHhhhhhh. La mer était descendante et les eaux se retiraient, mais régulièrement, elles venaient frapper les récifs qui se découvraient peu à peu, dans une lutte ancestrale entre les éléments. L'eau finit toujours par gagner et même les granits les plus durs, les plus massifs, sont contraints de perdre leur arètes et s'arrondissent pour rouler à leur tour. En attendant, le combat faisait rage et les gerbes jaillissaient en tous sens.
Sur un éperon, un cormoran qui en avait certainement vu d'autres contemplait le spectacle et semblait défier Neptune. D'une stoïcité absolue, il tournait simplement la tête pour jeter un défi à la prochaine déferlante, certain qu'il semblait-être de ne pouvoir être atteint. Le spectacle se répétait et l'oiseau restait impassible, jetant un œil à droite, puis à gauche, comme le spectateur d'un match de tennis. Il semblait tellement sûr de lui qu'il ne se préoccupait même pas du bipède qui s'approchait en silence derrière lui pour essayer de faire quelques photos. En bon modèle, il ne broncha pas et ne rechigna pas à la pause. Je pus le photographier autant qu'il me plaisait, immortalisant ce magnifique chambreur.
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