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Photo du rédacteurGilles Buffet

La combe (deuxième partie)

Alors que l'animal vient de traverser la scène comme une apparition, de subtils changements interviennent entre les arbres. Le soleil, qui avait commencé à illuminer la côte opposée depuis une bonne demi-heure, fleurte maintenant avec le haut de la montagne située à l'est de la combe, et en quelques secondes, il dépasse la cime des arbres et l'espace sauvage devant moi s'éclaire et se transforme. L'humidité en suspension capte la lumière et semble s'enflammer. A cet instant précis, les ingrédients sont là, sous mes yeux, et le spectacle est tout juste éblouissant.


Les vagues de brume poussées par une très légère brise de nord passent sur la lande, créent des volutes au dessus des bouleaux et redescendent une fois l'obstacle passé. Paysage captivant, variant à chaque instant au fur et à mesure que la lumière s'intensifie. J'imagine aisément qu'un lieu comme celui-ci ait pu inspirer les auteurs des comptes et légendes peuplés de personnages fantastiques, et serais-je vraiment surpris si un elfe apparaissait entre les arbres ? Je suis partagé entre le plaisir absolu de contemplation et l'envie de prendre des photos. Je suis venu pour ça, il fallait se lever tôt pour avoir la chance d'en être le témoin, mais la vision, totalement féérique, est tellement captivante ! Je me décide enfin à reprendre mon travail de photographe, mais la tâche est ardue.


La scène a beau être somptueuse et féérique, fleurtant avec l'irréalité, les conditions de lumières sont difficiles à capter avec un appareil photo. Les contrastes sont exacerbés, et entre la lumière éblouissante du soleil à travers la brume et les parties encore à l'ombre, il faudra faire des choix d'exposition et je crains de ne pouvoir restituer la magie de cet instant. Nous sommes le samedi 10 juillet, il est 6h40 en France, sur les bords d'une tourbière Jurassienne et je me demande combien de personnes ont pu contempler cette scène avant moi. Dans la ferme voisine, la traite bat son plein mais je doute que l'agriculteur ait le loisir de profiter du spectacle. Il y a tout juste un an, exactement au même endroit, j'avais déjà réalisé des photos qui continuent à me fasciner, mais la douceur de ce matin semble encore plus proche de la perfection.


Avant que les éléments ne changent et que le tableau ne disparaisse et retourne à sa beauté habituelle, je décide de prendre un peu de recul, de la hauteur pourquoi pas, pour contempler les lieux depuis un autre point de vue. Le chêne en haut de la colline domine idéalement la vallée et je décide d'aller le rejoindre.


A suivre ...

Féérie matinale


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