A chacun de mes passage chez ma mère, à Ravilloles, j’essaie de trouver un peu de temps pour me rendre à Montmain, hameau d’altitude de la commune. La route forestière qui y mène se termine au milieu de quelques habitations ramassées, trapues, bâties pour affronter l’hiver. Malgré l’éloignement relatif du centre du village et malgré la route malaisée qu’il faut emprunter pour y parvenir, le lieu a toujours été habité, les maisons occupées soit par des vacanciers en quête de calme et de solitude, soit par des habitants à l’année qui y apprécient peut-être le sentiment de ne pas habiter n’importe où, mais à cet endroit précis qu’on ne choisit sans doute pas par hasard.
Il n’est pas encore six heures quand je me gare et salue un habitant qui prend l’air dans son jardin. Le ciel est clair et il devrait encore faire beau aujourd’hui avant la dégradation annoncée pour la semaine à venir. Je me charge de mon équipement photo habituel et je poursuis la route devenue chemin banc qui serpente entre les arbres en descendant vers la combe qui est le but de ma visite. J’essaie de progresser en silence en évitant de faire rouler les cailloux, espérant pouvoir observer quelque animal, chevreuil ou peut-être renard. La route n’est pas bien longue et j’atteins rapidement le denier virage où s’ouvre sur ma gauche, en direction du sud, une vue dégagée sur la combe, la tourbière et au loin, une colline couronnée d’un chêne au port altier.
Le fond de la combe, toujours plus froid, piège souvent des écharpes de brumes et c’est justement le cas ce matin. Je décide de poursuivre mon chemin non en direction de la tourbière, mais directement en face, sur le coteau qui sera éclairé en premier par le soleil, pour avoir une vue dominante sur l’ensemble. Je passe au-dessus du ruisseau qui alimente le marais et commence l’ascension sur un chemin de pierres. Sur ma droite, je dépasse une maison inhabitée, tapie contre la forêt et qui bénéficie d’un point de vue remarquable sur les environs. A peine une centaine de mètres parcourus et je repère des masses brunes qui vaquent à la recherche de nourriture, sans doute. Un mère sanglier accompagnée de cinq ou six petits déjà solides. Je stoppe ma progression en observant la tribu. Alors que les rencontres avec ces animaux sont plutôt rares, c’est la quatrième fois en quelques semaines que j’en croise. Je suis à une cinquantaine de mètres et je préfère rebrousser chemin avant de me faire repérer. Ce changement de plan me ramène au fond de la combe que j’emprunte en direction du sud. Sur ma gauche, la tourbière recouverte d’un voile de brouillard s’éveille.
La lumière est superbe et là, entre deux bouleaux, j’aperçois un magnifique chevreuil ! L’animal est paisible et j’ai le temps de faire quelques clichés alors qu’il traverse tranquillement un espace de bruyères et d'herbes hautes. Il va ensuite retrouver une zone d’avantage boisée d’épicéas et de bouleaux.
A suivre …
Quel plaisir de lire tes textes, et Félicitations au photographe 📷. Et dès que tu évoques notre hameau de "Montmain", c'est de la nostalgie ... Bises Dany