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Photo du rédacteurGilles Buffet

La fin du bal

Éphémère : Qui n'a qu'une courte durée (Larousse)


L'aube promettait enfin la pluie ... le ciel était bas et le vent d'ouest, continu, charriait des nuages gris foncés chargés d'une humidité qui serait salutaire, si elle voulait bien tomber, pour des sols déjà craquelés avant même que juin n'arrive.


Malgré le risque évident de douche, je partis faire ma boucle matinale habituelle, sorte de rituel devenu, avec le temps, quasiment indispensable. Je profitai des reflets inquiétants sur les étangs couleur de cendre, et j'arrivai même à capter la course du temps dans des poses longues mettant en avant la progression des nuages (voir galerie : ici l'onde), effet spectaculaire garanti.


Après une bonne demi-heure, je finis par entendre, de l'autre côté de l'étang que je longeais, et de manière presque brutale, la pluie s'abattre sur les arbres. Je sortis ma protection de pluie alors que la surface de l'eau se ridait au fur et à mesure de l'avancée de l'ondée. Puis les premières gouttes finirent par tomber sur moi, quelques secondes plus tard seulement. Je hâtai la cadence et me dirigeai le long d'un sentier qui s'enfonçait dans la forêt. Sous le couvert de la végétation, j'espérais pouvoir bénéficier de quelques minutes presque au sec.


L'averse, hélas, ne dura que trop peu, et je décidai de ressortir du bois pour me diriger vers une allée bordée de coquelicots. Quelques unes de ces fleurs faisaient déjà grise mine et les gouttes qui venaient de les frapper n'avaient sans doute rien arrangé. Alors que je cherchais un angle de vue intéressant, mon regard fut attiré par une fleur tombée au sol. Elle évoqua pour moi, presque instantanément, une robe de bal posée là par sa propriétaire après la dernière danse. Les perles de pluie qui s'accrochaient aux pétales renforçaient le sentiment de tristesse que suscitait la corolle à terre, déjà passée avant même d'avoir fané.


Les rouages du temps continuent leur marche, insensiblement, et ce printemps qui fut pourtant tellement particulier devra laisser sa place, comme les autres. L'explosion de vie qu'il avait généré à son arrivée se terminera avec la maturité de l'été en toutes choses, qui n'est déjà plus la vigueur de la jeunesse.



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Belle offrande à Mère Terre et à tes abonnés. Quelle élégance !

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