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Photo du rédacteurGilles Buffet

La tentation de Venise.

Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux. Jean Mistler

Venise a toujours représenté pour moi un repoussoir en ceci que la cité italienne est une sorte de concentré de ce que le tourisme de masse a de peu désirable. Je parlais sans savoir, je n'y étais jamais allé, mais j'avais en tête des hordes de visiteurs consommateurs, téléphone portable au bout du bras, photographiant et filmant à peu près tout et n'importe quoi pourvu qu'ils apparaissent dans le cadre, le décor ne servant qu'à une mise en scène d'eux-mêmes, accueillis par des commerçants blasés et prompts à tirer profit de la manne que ces premiers venaient leur apporter.


Les conseils répétés de mes proches et l'envie de faire plaisir à mon épouse ont fini par me convaincre qu'une visite dans la cité des Doges semblait incontournable et que, s'il fallait y céder, un séjour de trois jours devraient permettre de s'en faire une meilleure idée. Mon désir de solitude et de calme devait y survivre, et nous décidâmes, en cette semaine d'Ascension, de nous rendre à Venise.


La première prise de contact ne fit que confirmer mes craintes, et au sortir de la gare, une foule bigarrée et cosmopolite se pressait en tous sens. L'achat de titres de transports et le premier voyage en Vaporetto sur le Grand-Canal jusqu'à la place San Marco était à l'avenant. La vue des palais les pieds dans l'eau était certes assez fascinante, mais j'avais du mal à me sentir à ma place dans cette ruche à ciel ouvert où des bimbos aux lèvres boursouflées jouaient les starlettes en prenant des poses lascives devant les objectifs.


Cependant, après avoir pris mes marques, mais aussi la mesure de la complexité de l'orientation dans ces ruelles étroites et imbriquées, aboutissant soit sur un pont, soit sur un cul de sac, soit sur une ruelle plus étroite encore, je dois admettre que le charme commença à opérer assez rapidement. L'absence de véhicules roulants, mais également la possibilité de pouvoir s'extraire de la foule très simplement dès que l'on quitte les lieux les plus emblématiques de la cité lagunaire apportent un sentiment assez inattendu et l'on touche du doigt très vite le caractère exceptionnel de la ville.


Le petit matin offre un ballet étourdissant de vedettes rapides, de vaporetti transportant travailleurs et écoliers avec leur sac à dos, de barges apportant des quantités phénoménales de biens à destination des hôtels, des commerces et du marché du Rialto, se croisant sans se percuter par on ne sait quel miracle, tout en prenant garde aux gondoliers qui vont prendre leur service. Cette activité est sans nulle doute pareille à celles des autres villes, mais le fait qu'elle se déroule sur l'eau la rend extraordinaire. En dehors de ce caractère aquatique si spécifique, le cadre architectural est également somptueux et des palais aux dimensions imposantes rivalisent de sculptures et de finesse.


Se perdre dans le dédale des rues fut un enchantement, et ces trois jours se révélèrent en fin de compte bien insuffisants pour s'imprégner complètement de l'esprit de la cité. En la quittant, à peine reprenions-nous le train que nous nous promettions d'y revenir un jour. Venise est l'exemple type du dilemme qui est le mien, désireux d'aller visiter ces endroits magiques que l'on trouve tout autour de la planète tout en étant conscient de l'impact délétère de ces voyages sur les équilibres de notre planète.


Le jour se lève sur la Sérénissime

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