Je retrouve mon clavier après une longue absence. Je m'étais arrêté sur une scène maternelle totalement inattendue et puis, plus rien. L'envie ne m'a pas quitté durant tout ce temps, ni de faire des photos, ni de choisir les mots pour décrire mes sensations, mes pensées ou simplement expliquer ma démarche et ma recherche dans cette quête d'images. Non, mais une pause était peut-être nécessaire pour laisser le réservoir d'idées se remplir à nouveau. Je me sens à nouveau prêt, et je replonge avec plaisir dans l'exercice.
Il faut dire également que j'ai lu et appris beaucoup sur la technique et la démarche artistique liée à la photographie pendant mes dernières vacances d'août. Internet a ce côté formidable de mettre à notre disposition, si l'on cherche du bon côté, des quantités extraordinaires de savoirs et de connaissances, et pas seulement des déchaînements de haine, une montagne de mensonges et d'inepties. Durant l'été, j'ai donc appris, et ce faisant, une partie de mes convictions se sont détricotées, effondrées comme un château de sable attaqué par les vagues. Des certitudes se sont fissurées, laissant la place à une autre vision des choses qu'il me faut m'approprier.
Ma démarche photographique était basée sur la volonté de témoigner, donner à voir le monde tel qu'il est, et donc de ne travailler mes images, en post production, que de manière minimale, par petites touches. Naïvement, je pensais préserver l'esprit des pionniers, sans me douter que ceux-ci retravaillaient énormément leurs clichés sous l'ampoule rouge de leur laboratoire (voir par exemple Ansel Adams). Ils agissaient donc en artistes, et faisaient de leurs images une vision artistique et fantasmée, se permettant toutes les manipulations. Le noir et blanc ne présente-t-il pas en soi une vision déformée de la réalité par le seul fait qu'il retire les couleurs du monde ?
Je me suis donc laissé aller à l'exercice et j'ai revisité une partie de mes anciennes photographies pour présenter cette autre vision de la nature, faite de contrastes de gris, de noirs et de blancs. Il m'est encore difficile d'imaginer le potentiel des images dès la prise de vue, mais je continue à chercher, à essayer de comprendre quelles sont les clefs, et je continue à croire que je finirai par y arriver. En attendant, je vous emmène dans le Jura, une fin d'après-midi de février, à l'heure où le soleil joue avec le relief et la neige.
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