Alors que la période hivernale touche à sa fin, le cycle de retour vers l'été voit la durée des jours augmenter, comme chaque année, mais l'habitude n'empêche en rien d'apprécier ce surcroît de lumière qui nous avait tant manqué dans la saison froide. Inexorablement, minute après minute, le soleil pointe ses rayons un peu plus tôt, et bien que connaissant parfaitement la mécanique on fait mine de se laisser surprendre par le phénomène.
L'amateur d'aurores que je suis est d'autant plus ravi que le mois de mars permet à nouveau de profiter des premiers rayons lumineux sur la route du travail, et en anticipant un peu mon départ matinal, j'arrive même à m'offrir de petite balades dans la plaine de Saône. La froideur nocturne permet la formation de brume, toujours photogénique, et certains endroits revêtent un caractère parfois féérique ! Ce mardi matin était prometteur, le ciel à l'est s'éclaircissait et j'avais décidé de partir une bonne demi-heure plus tôt qu'à l'accoutumée pour tenter une séance photo. M'écartant un peu de la route principale, je m'engageai dans un chemin blanc et je garai la voiture, chaussai mes bottes en caoutchouc préparées pour l'occasion, et je partis à travers champs.
Les clôtures de barbelés étaient bordées d'arbustes et les bancs de brouillard semblaient s'accrocher aux branches. Le soleil approchait l'horizon et la luminosité s'accroissait d'instant en instant. Une formation de grues, dans son périple vers le nord, traversa le ciel en lançant des cris. Le V s'éloigna, les ombres des oiseaux se détachaient sur le ciel qui prenait des teintes orangées, c'était magnifique. Je décidai d'approcher une haie plus fournie en direction du levant, et la boule de feu perça la brume à l'horizon, dessinant petit à petit un cercle parfait et rougeoyant. Aussitôt, le voile de brouillard s'illumina et j'eus l'impression que la plaine entière s'embrasait. Les silhouettes de la végétation dessinaient de délicates ombres noires. tout était contraste, entre le feu et le carbone, entre l'orange et le noir, et une fois de plus, je profitais d'un spectacle extraordinaire avant de me rendre à l'usine, vers les indicateurs et la production, vers les rendements et la profitabilité. Le féérique devait faire place au concret, mais j'avais pu prendre ma part de rêve et de magie !
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