Voilà maintenant plus de trois ans que je sillonne assidûment la campagne en quête de "belles" images et un peu plus d'un an que j'ai créé ce site internet pour pouvoir les partager. En dehors de quelques voyages estivaux, en Irlande ou en Normandie par exemple, je réalise l'essentiel de mes sorties aux alentours de Dijon, en plaine de Saône ou dans le Haut Jura. Bien que le potentiel photographique y soit intéressant, il devient difficile de se renouveler et de trouver des sujets ou des angles de vue originaux et j'ai parfois l'impression de tourner en rond. Parallèlement, devenant plus exigeant sur la qualité des images que je réalise, la sélection que j'opère à chaque retour de prise de vue devient plus sévère et il m'arrive de me demander si je ne vais pas arriver au bout de mon inspiration.
Malgré tout, en visionnant la dernière exposition temporaire publiée la semaine dernière, j'ai réalisé que j'avais réussi à trouver dans mon stock d'images des trois derniers mois une trentaine de photos assez intéressantes pour être publiées. La nature est généreuse, mais il faut également dire que je ne ménage pas mes efforts en multipliant les sorties matinales, d'abord parce qu'elles me font un bien fou, mais aussi parce que c'est le seul moyen de trouver encore et encore des choses à partager. On peut toujours compter sur la chance pour photographier un chevreuil ou un martin pêcheur, à n'en pas douter c'est un facteur qui compte, mais la préparation, la patience et la volonté d'y parvenir sont les meilleurs moyens d'arriver à ses fins.
Ainsi, en me levant hier matin, j'ai constaté que la nuit avait été suffisamment froide pour recouvrir le pare-brise de la voiture d'une fine couche de givre. Tout en me félicitant de ne pas encore avoir planté mes plans de tomates, je me préparai pour une nouvelle balade en nature. L'air était calme et les conditions semblaient propices à la formation de brumes matinales. Exceptionnellement, je décidai de prendre la voiture et de me rendre en bord de Saône afin de trouver des points de vue nouveaux. Par endroits, le long de la route, un voile blanc recouvrait les champs de colza et donnait de belles ambiances. Je m'arrêtai à plusieurs reprises pour faire quelques clichés sans être toutefois pleinement convaincu du résultat.
Alors que je sortais d'une zone de forêt et que j'approchais d'Heuilley sur Saône, objectif initial de ma sortie, s'ouvrit devant moi un panorama à couper le souffle. Il était un peu plus de sept heures et le soleil avait largement passé l'horizon, mais la Saône exhalait encore des volutes de brume et des écharpes de vapeur, s'élevant des sols rendus humides par les pluies de la veille, lézardaient entre les bosquets. Plusieurs plans se succédaient avec, pour chacun, une tonalité différente. Le premier, constitué de pâturages, avait une teinte orangée alors que le lointain se déclinait en nuances de bleus plus ou moins marquées. La douceur de la scène était incroyable, une sorte de synthèse de ce que j'aime en photo de paysage.
Le retour à la maison confirma bien heureusement les bonnes impressions du terrain, et je réalisai ce panorama, sans doute pour moi l'une des plus belles image que j'ai pu faire jusque-là, et la preuve que la persévérance est l'un des principaux ingrédients pour trouver de nouvelles sources d'inspiration.
Merci Gilles, trop bien tes photos, et surtout tes textes !....