Le lac

Certains joyaux méritent un peu de sueur et d'efforts pour être découverts. Le lac de la Fauge en fait partie.

La première neige de novembre était tombée durant la nuit et, au delà des 750 m d'altitude, une fine couche de poudreuse recouvrait le paysage. Ces premières heures de ciel bleu après l'accalmie sont généralement les plus belles. Tout est encore immaculé et le blanc s'accroche aux branches des sapins et des épicéas, donnant un contraste saisissant avec l'azur. La température de ce milieu de matinée était proche de zéro, l'air était juste vivifiant comme il faut ! Le soleil, en réchauffant le sol, faisait monter des volutes de brume.

Après avoir garé la voiture au bord du lac d'Etival, je décidai de prendre de la hauteur par la route forestière qui mène à travers bois. La couche de neige était fine, permettant de s'enfoncer dans la forêt sans trop de difficultés. Le mercure commençait doucement à monter sur l'adret et les branches s'allégeaient petit à petit de leur fardeau. Le paysage, sous cette première offensive hivernale, était magnifique, tout scintillait, brillait, gouttait et j'avais une réelle impression, tangible, de prendre un bol d'air.

Après quelques kilomètres de marche et quelques centaines de mètres d’ascension, le chemin longe une crête et l'on aperçoit en contrebas sur la gauche le village d'Etival et ses deux lacs, et à droite, serti parmi les arbres, un lac aux eaux sombres, presque inquiétantes. Le sentier plonge ensuite dans sa direction et, après avoir repris une route non déneigée, on arrive sur les bords du lac de la Fauge.

Je suis resté près d'une heure à contempler les reflets des nuages, des sapins et du ciel à la surface. La photo, pour fidèle qu'elle soit, ne transmet qu'une infime partie des sensations ressenties ce jour là, à cet endroit précis. J'ai l'avantage sur vous de retrouver le contexte, l'environnement et l'ambiance de ces instants rien qu'en la contemplant.