"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité." Déclaration universelle des droits de l'homme - article premier
Peut-être devrais-je écrire "privilégié" tout court. J'ai la chance d'être né dans un pays démocratique, riche, ayant développé un système éducatif, judiciaire, sanitaire qui, s'il n'est pas parfait, fait partie des meilleurs mondiaux. J'ai la chance d'avoir eu des parents qui m'ont donné une éducation ayant constitué la colonne vertébrale de l'homme que je suis devenu. J'ai la chance d'avoir pu poursuivre des études m'ayant nourri intellectuellement et formé pour exercer un métier. J'ai la chance d'avoir un emploi stable, que j'exerce dans des conditions tout à fait acceptables et qui me permet d'obtenir, en plus des besoins de subsistance primaires dont chacun devait pouvoir bénéficier, un certain confort.
La crise actuelle et le tour d'horizon planétaire que les médias nous font faire quotidiennement met en exergue les différences de traitement que subit une partie de la population mondiale et, partant, celles qu'inflige une partie de l'humanité à ses semblables. La déclaration des droits de l'homme posait un fondement qui, plus de deux siècles plus tard, est encore loin d'être une réalité. Pire, nous sommes face à une épidémie certes dramatique pour ceux qui la subissent de plein fouet, mais qui n'est sans doute que les prémices de ce qui pourrait advenir si nous n'arrivons pas à stopper la destruction de notre environnement et à inverser la tendance du réchauffement climatique qui a déjà commencé. Les inégalités, déjà criantes aujourd'hui, pourraient s'intensifier encore.
Le constat est amère et la teneur du texte n'est de fait pas conforme à l'optimisme du titre, alors comment revenir à plus de légèreté ? Tout simplement en constatant qu'en cette période de confinement, au-delà des privilèges énumérés en introduction, je bénéficie en plus d'un environnement tout simplement exceptionnel et accessible dans les limites fixées par le gouvernement. La chanson dit que la misère serait moins pénible au soleil, j'ajouterais que le confinement serait moins pénible à la campagne. Vous le savez déjà si vous êtes un fidèle lecteur, une zone boisée et de gravières jouxte ma maison, me permettant chaque jour de faire des balades dans un lieu où l'isolement est garanti, baigné de lumières exceptionnelles à cette époque de l'année en début et en fin de journée.
Ce matin encore, peu avant 7 heures, je laçai mes chaussures de randonnées pour faire mon tour habituel et pris à travers la forêt pour rejoindre mes étangs préférés. A l'horizon, des bandes de nuages promettaient de laisser passer le soleil par intermittence dès son lever, conditions en général optimales pour avoir une aube somptueuse. Les minutes passant, les couleurs s'intensifiaient et les reflets sur l'eau prenaient un tour dramatique. Une fois de plus, j'étais seul pour profiter de ce spectacle incroyable, à l'exception de quelques canards, hérons et toute une colonie de piafs qui célébraient le jour en chantant à tue-tête. Les rayons du soleil zébraient le ciel, faisant comme une explosion magnifique... Si ça, ce n'est pas un privilège !
Et moi j'ai le privilège de t'avoir comme ami...