Opportunisme : Attitude consistant à régler sa conduite selon les circonstances du moment, que l'on cherche à utiliser toujours au mieux de ses intérêts - Larousse
En matière de photographie de nature, il faut parfois savoir profiter des opportunités qui nous sont données. Il ne s’agit pas là de réveiller à tout prix l’opportuniste qui sommeille en chacun de nous, la nature humaine est ainsi faite que cette qualité est déjà parfaitement mise à profit par un grand nombre de nos concitoyens ; non, il est question ici de savoir profiter de ce qui nous est donné, de patience et de reconnaissance envers les prodigalités de la nature. Je vais vous relater l’expérience vécue ce samedi de début février période couvre-feu, et ça tombe bien, c’est un peu l’objet de ce blog …
Cet hiver 2020 – 2021 n’a pas été très généreux en matière d’aubes spectaculaires. Le ciel est souvent bâché par un voile épais de nuages gris et la luminosité matinale peine à donner le meilleur d’elle-même. Les vacances d’hiver viennent de débuter et je suis dans le Jura. Il est tôt et malgré des conditions qui ne semblent pas très favorables, je compte bien me rendre dans ma tourbière préférée, dans le pire des cas, je profiterai d’un bol d’air ! La météo promet quelques rares éclaircies et je décide de tenter ma chance en mettant dans mon sac photo deux objectifs, un grand angle adapté au paysage et un téléobjectif pour faire de la photo animalière.
La vallée est un peu morne ce matin, la lumière est tristounette et la neige, pourtant tombée en abondance dans les semaines précédentes, a fondue sous la pluie dense de ces derniers jours. La température se situe juste au point de gelée, et le voile de brume qui donne souvent tout son charme à l’endroit est aux abonnées absentes. Alors que j’observe la scène, un mouvement attire mon regard en contrebas du chemin. Un renard fini sa chasse nocturne en balayant un pré délimité par des murets de pierres. Je n’ai pas malheureusement pas encore sorti mon matériel, et de toute manière, je suis mal positionné et l’animal est trop rapide pour que je puisse le photographier dans ces conditions de faible lumière.
Je décide de mettre autour du cou l’appareil avec le téléobjectif ; il est préférable d’être équipé au cas où j’apercevrais un autre animal, alors que j’aurai toujours le temps de m’équiper du grand angle si la lumière évolue pour photographier le paysage. Je parcoure le fond de la vallée mais l’ambiance n’est décidément pas à la photo. Après une demi-heure de marche et la rencontre avec quelques promeneurs matinaux, je décide de rebrousser chemin, nous sommes sans doute trop nombreux pour espérer voir d’autres animaux. Pourtant, après une ou deux minutes de marche, sur la gauche du sentier que j’emprunte au milieu d’un entrelac de branchages, j’aperçois un éclair blanc. Après quelques instants d’observation, et de nouveaux passages, je reconnais une hermine dans son pelage hivernal. Ce camouflage plutôt mal adapté alors que la neige a disparu m’a grandement aidé, je n’aurai jamais pu repérer l’animal dans son habit d’été !
Le mustélidé apparaît régulièrement et suit une sorte de circuit à travers les branches, s’arrêtant de temps à autres pour m’observer, et reprend sa course pour disparaître quelques instants, puis le manège recommence. Je m’approche autant que possible en estimant la distance qui me permettra d’observer au mieux le spectacle sans effrayer l’hermine. Je m’appuie sur un piquet de clôture pour gagner en stabilité, et pendant plus de dix minutes, j’observe un ballet incroyable, une agilité bluffante ponctuée de sauts périlleux, de pauses, de « chandelles » sur les deux pattes arrière. L’animal a conscience de ma présence et me regarde fixement, puis il reprend son parcours, disparaît à droite pour ré apparaître à gauche !
Au moment de partir ce matin-là , je n’imaginais absolument pas pouvoir photographier cet animal discret et que je n’avais pu observer jusqu’alors que très rarement, et seulement furtivement. Cette incertitude fait le sel de mes promenades. Il faut se montrer attentif, observateur, et profiter de la chance qui nous est donnée !
Quel régal.... pour les yeux! Quel spectacle ce devait être de voir Miss Hermine honorer de ses talents de gymnaste facétieuse son spectateur humain matinal!
Incroyable et superbe !