L’été est installé depuis plusieurs semaines mais le ciel s’obstine à déverser ses pluies avec une régularité de métronome. Les plus climato-sceptiques verront là une raison de plus de douter des prévisions des cassandres promettant des lendemains qui déchantent, mais la météo n’est pas le climat, et même si la saison estivale débute sous nos cieux avec des ratés de vieille mécanique, il n’en demeure pas moins que l’ouest du Canada se consume sous des chaleurs ardentes et que partout autour de la planète la maison brûle de plus en plus fort ! J’en arrive à préférer ce temps maussade et ces températures en dessous des moyennes saisonnières, ces averses qui font le bonheur des escargots et apportent un répit salutaire à des arbres qui ont fortement souffert ces dernières années, plutôt qu’un temps d’été qui ne sait plus se montrer modéré et dont les morsures nient l’idée même de climat tempéré sensé être de mise sous nos latitudes … c’est toujours ça de pris !
Ces conditions d’humidité rendent quasiment obligatoire le port des bottes en caoutchouc (n'en déplaise à ma liberté), toujours aussi inconfortables mais nécessaires dès qu’on cherche à s’aventurer en forêt. Le sol est spongieux, boueux, les ornières creusées par les tracteurs forestiers sont remplies d’eau, offrant autant d'opportunités de souilles pour les sangliers, et les herbes hautes de ce début juillet se délestent de leur gouttes de pluie au moindre contact. Les sentiers sont un terrain à conquérir pour les végétaux toujours à la recherche du moindre rai de lumière, et les ronces lancent leurs lianes à travers l’espace libre, accrochant et griffant les promeneurs. Sur le sol, de superbes limaces orange ou gris tacheté rampent au milieu du passage au péril de leur vie. Ce matin, il ne pleut pas, mais les feuilles s’ébrouent au moindre souffle de vent et des bruits d’averses crépitent de ci de là à chaque coup de brise.
L’ambiance est brumeuse et les gouttelettes en suspension rendent blafarde la lumière d’un soleil matinal peu vaillant. Sortant de la sente, je m’enfonce entre les troncs parmi les broussailles jusqu’à atteindre une sorte d’espace dégagé par les affouagistes il y a quelques années. Au milieu des troncs principaux, quelques jeunes pousses, pas plus que des perches maigrichonnes, démarrent leur croissance pour aller chercher l’énergie vitale des étages supérieurs ; leur heure viendra … Je prends le temps d’observer alentours, la lumière douce rend les tons environnants pastels, et profite au passage des trilles lancées gaiement par quelques piaf depuis les cimes.
Bonjour Gilles, c'est toujours aussi agréable à lire bluffée par tous ses merveilleux détails que tu relates si bien..quelle plume ! Et la photo semble être une peinture....sublime. 😊