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Remède à la mélancolie

Photo du rédacteur: Gilles BuffetGilles Buffet

Sans être quelqu'un de particulièrement pessimiste, il m'aura été difficile de trouver, dans cette année 2024 qui s'achève, des raisons de s'exalter à titre personnel et des motifs d'espérer une prise de conscience collective pour sortir d'une ornière dans laquelle nous semblons nous enfoncer de plus en plus profondément. L'actualité politique, en France comme à travers le monde, la multiplication des conflits aux relents des pires atrocités du XXème siècle nous conduisent, par réflexe, à nous recroqueviller sur nous mêmes, à jouer les autruches alors que plus que jamais, il semble nécessaire d'agir et de remettre en cause les raisons qui nous ont conduits là où nous sommes.


En effet, les pires prévisions scientifiques relatives au dérèglement climatique semblent se réaliser sous nos yeux, bien plus vite et bien plus fort que prévu, et alors qu'un changement profond et radical de nos pratiques apparaît de plus en plus nécessaire, nous tergiversons, nous hésitons, quand nous ne nions tout simplement pas les évidences, par peur ou par bêtise, je ne sais, en tout cas par inconscience et irresponsabilité. Dans ce contexte morose, j'ai malgré tout eu le privilège d'être le témoin de moments de grâce, et comme souvent, c'est dans la simplicité et la beauté du monde que le merveilleux est apparu.


Je l'ai vu plusieurs matins de septembre au bord d'un étang sous les plumes bleues d'un martin-pêcheur, venu se poser sur une branche juste devant moi, observer son environnement à la recherche de nourriture.

Il s'est montré sur une côte de l'Angleterre en prélude à une averse à tremper jusqu'au os le plus hermétique des sujets de sa Majesté, jouant de fabuleux contrastes sur des pieux sur lesquels s'étaient perchées des mouettes, rieuses comme à leur habitude.

Il a fait une fugace apparition dans un rayon de lumière magique sur des ombellifères de mon jardin que j'avais eu la bonne idée de laisser grandir et s'épanouir.

Il m'a fait un clin d'œil impressionniste dans les couleurs automnales d'un érable jurassien, posant des touches de jaune, de vert et d'orangé sur un toile grandeur nature.

Il m'a donné enfin le plus délicat spectacle dans une poignée de brindilles couvertes de givre un matin de décembre où tout était scintillant, brillant et magnifique.


Alors certes, les mauvaises nouvelles volent en escadrille, comme aurait pu le dire un ancien président, mais le meilleur remède à la mélancolie reste, encore et toujours, notre capacité à nous émerveiller et à rester attentifs aux splendeurs que le monde cache dans les moindres recoins de nature.


Bonne année 2025 à tous



Scintillements
Scintillements

 
 
 

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“ je crois que les hommes sont comme les chats. S’ils ne savent pas quoi faire, s’ils n’ont pas de souris à attraper, ils se griffent entre eux, filent sur les toits ou bien grimpent aux arbres et après , des fois, ils miaulent parce qu’ils ne sont plus capables de descendre.” (Primo Levi) Nous n’avons pas encore le besoin de descendre de l’arbre du changement climatique. Malheureusement…

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