La météo de ce samedi matin d'hiver ne promettait rien de bien réjouissant. Ciel gris et température froide, ni brume ni soleil ni neige, rien qui permette d'espérer pouvoir faire la moindre photo valable du paysage alentour. Je décidai donc de tenter ma chance en forêt et je quittai mes pénates alors qu'il faisait encore nuit afin de trouver un endroit propice à l'affût, espérant que des chevreuils viennent à se présenter devant l'objectif. Je parcouru à rythme lent le kilomètre et demi me permettant de rejoindre l'endroit que j'avais repéré la semaine précédent pour me poster, en bordure d'une grande allée forestière, pour rester le plus discret possible. J'essayais d'éviter de marcher sur les branches mortes tombées à terre mais la pénombre qui régnait sous les arbres rendait l'opération aléatoire. J'arrivai presque en silence à l'endroit choisi pour installer mon matériel, l'appareil photo fixé sur un pied, le tout caché par un filet de camouflage ; l'attente pouvait commencer !
L'humidité et la température rendirent vite l'opération désagréable. Malgré une bonne volonté évidente, je supportai les fourmis dans les pieds un peu plus d'une heure, sans apercevoir le moindre animal, et je décidai de reporter mon projet à une période plus favorable. Je levai le camp, il est des jours où il semble inutile d'insister. Je repris donc ma marche en sous-bois, et je croisai bientôt deux hommes, fusil à l'épaule et gilet orange fluorescent. Nous échangeâmes un salut rapide et je poursuivis mon chemin. La présence des chasseurs aurait rendu mon affût caduque et inutile. Quelques centaines de mètres plus loin, je rencontrai un homme âgé portant les mêmes attributs que ses collègues, mais assis sur un siège au milieu du sentier, tourné vers un allée de débardage située sur ma gauche. Remarquant mon appareil photo, il me demanda si j'avais pu prendre quelques photos, et alors que je répondais par la négative, il me dit calmement : "regardez devant-vous". A une cinquantaine de mètres de là, au milieu de l'étroit chemin, deux chevreuils se tenaient immobiles, scrutant les alentours, percevant sans doute la présence de l'homme. J'eu le temps de prendre quelques photos, puis ils s'éclipsèrent, bientôt remplacés par un congénère, jeune mâle dont les bois étaient en velours, et dont l'allure était tout simplement magnifique.
Le vieil homme semblait apprécier le spectacle autant que moi, et je lui fût reconnaissant d'avoir laissé son arme en travers de ses genoux et au chevreuil la possibilité de s'éloigner sans dommage. Peut-être la battue n'avait-elle tout simplement pas encore commencé, mais en tout cas notre courte discussion fut cordiale et je ne sentis pas, comme ça peut être parfois le cas, d'hostilité de la part de ce chasseur vis-à-vis de ma présence. C'est bien la moindre des choses, me direz-vous, mais l'ensemble des tireurs du dimanche ne partage pas cette tolérance au regard des personnes qu'ils considèrent assez fréquemment comme des intrus et des empêcheurs de tirer en rond ! Je repris ma marche, et peu de temps après, les premiers coups de feu résonnèrent dans la forêt qui avait été jusque-là si paisible.
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