J'ouvre les yeux, la chambre est encore totalement plongée dans l'obscurité. Un regard vers la table de nuit. Le réveil indique 4h30. Je suis en vacances, mais au lieu de me retourner pour tenter de retrouver le sommeil, je décide de me lever et de jeter un œil par la fenêtre. Le ciel est clair à l'est, promesse d'une belle journée de juillet.
Je m'habille discrètement pour ne pas réveiller la maisonnée et, tel un fantôme, je quitte le chalet loué dans le haut Doubs et je me dirige vers la voiture.
Le Mont D'or est à quelques kilomètres de là, mais pour y être passé à pied la veille, l'ascension nécessiterait plusieurs heures d'efforts pour atteindre le sommet. Je choisis donc la facilité, démarre, et après une dizaine de minutes de route, j'atteins le parking le plus proche du sommet.
La nuit est déjà en train de faiblir, elle cédera bientôt, vaincue par l'arrivée du soleil. Le sentier de cailloux blancs est aisé à suivre, il montre la direction vers le point culminant, but de ma visite. Les cloches des Montbéliardes tintinabulent dans les prés d'altitude, et le passage de ce premier randonneur fait s'interrompre quelques instants les ruminantes dans leur travail de mastication, première étape du prochain Comté d'été !
J'arrive maintenant au sommet. L'air est vif à près de 1500 mètres, mais la petite marche ascensionnelle m'a réchauffé. Le panorama qui se déploie devant mes yeux est magnifique et en être le seul témoin est un privilège que je savoure, comme si le fait d'être l'unique spectateur de cette aurore sublime la rendait plus exceptionnelle encore. On distingue en ombres chinoises les sommets des Alpes proches et la domination du plus haut d'entre eux, siégeant tel le roi sur son trône.
Il est un peu plus de cinq heures et l'horizon prend des teintes rosées et pourpres. Au fond de la vallée, les phares des frontaliers dessinent une écharpe lumineuse le long de la route qui les conduit au travail. Les contrastes sont très importants entre le ciel qui s'éclaircit de plus en plus et la masse sombre des montagnes, murailles infranchissables qui se dressent entre le soleil et moi. Je tente quand même quelques photos qui ne retranscriront jamais la beauté de cet instant et la sensation magique d'être au sommet du monde, seul dans cet air qui semble ne jamais avoir été respiré, dans un presque silence souligné par quelques chants d'oiseaux et par les cloches qui résonnent au loin.
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