Je souhaitais revenir aujourd'hui sur un débat qui n'a jamais été vraiment tranché et qui suscite bien des polémiques au sein des familles : la taille a-t-elle de l'importance ? Je ne voudrais pas couper court à toute discussion sur cette question épineuse et porter un avis péremptoire sans apporter d'arguments construits et étayés. Ce site ayant la photographie pour objet principal, je m'appuierai donc sur mon expérience en la matière pour tenter d'éclairer le débat.
Les fabricants d'appareils photos numériques ont fourni un outil précieux aux photographes pour vérifier leurs prises de vue juste après le déclenchement en intégrant à leur matériel un petit écran. Les dinosaures ayant pratiqué la photo argentique se rappellent encore l'abime d'incertitude dans lequel ils étaient plongés lorsqu'une photo avait été prise, puisqu'il fallait attendre le développement pour savoir si les images étaient réussies ou pas. Avec la pratique, on s'aperçoit cependant que cet écran est surtout un moyen de valider l'exposition ou les paramètres techniques de la photo, mais qu'il reste difficile sur ce petit format de percevoir la puissance et la qualité réelle de l'image encore en boîte, et encore moins d'imaginer l'émotion qu'elle procurera au spectateur.
Il arrive souvent qu'une séance de prises de vues prometteuse se révèle décevante in fine dès que les images ont été transférées de la carte SD de l'appareil sur le disque dur de l'ordinateur et que le résultat s'affiche sur l'écran 23 pouces. Les défauts apparaissent alors en grand et l'enthousiasme initial retombe comme un soufflé. Au contraire, des photos qu'on pensait banales révèlent leur force aussitôt qu'elles prennent de l'envergure et on a alors la bonne surprise de trouver une image plus intéressante qu'elle ne paraissait initialement. C'est plus rare, mais c'est un moment réellement satisfaisant.
Il existe aussi, de temps à autre, des instants photo magiques où dès la prise de vue, on perçoit le potentiel de ce qu'on est en train de mettre en boite. Tout, devant nous, est réuni pour dessiner un tableau proche de la perfection. L'écran de l'appareil a ici toute son importance pour vérifier si le cadrage est adapté, si l'exposition est correcte, mais la beauté ne résume pas en des histogrammes d'exposition parfaitement maîtrisés, bien heureusement. Là encore, le passage à grande échelle est le juge de paix, et la fébrilité est d'autant plus grande que l'espoir initial d'obtenir une image forte était importante. L'écran d'ordinateur est intransigeant et ne laisse rien passer : ai-je réussi ? N'ai-je pas tremblé un peu ? Le choix des réglages était-il le bon ?
L'impatience monte et enfin, l'image apparaît ... Oui ! C'est bien cette scène que j'ai vécu ce matin, et qui m'a fait me sentir vivant, appartenir à un monde où la beauté se donne en spectacle à celui qui veut bien ouvrir les yeux ! Oui ! C'était à ce moment précis, ces quelques secondes où la lumière du soleil levant avait la bonne intensité et éclairait le brouillard qui faisait comme un voile adoucissant le contour de chaque chose, de ces arbres sur la droite, du buisson situé au centre, ou de la clôture qui, au lieu de fermer le passage, dessine simplement un lien entre la gauche et la droite de l'image.
Vous l'aurez compris, le format est fondamental pour qu'on puisse apprécier à sa juste valeur une image. Le cinéma fait vivre un film plus intensément que la télévision (le visionnage d'un film sur un smartphone reste une énigme pour moi !) Si vous avez des photos qui vous plaisent, essayez des agrandissements, la différence est bluffante. Pour illustrer mes propos, je vous propose cette photo panoramique d'un matin en Franche-Comté que, je l'espère, vous pourrez visionner sur un grand écran !
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