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Photo du rédacteurGilles Buffet

Une merveille ordinaire

Dernière mise à jour : 12 avr. 2020

Oxymore : Figure qui réunit deux mots en apparence contradictoires (Petit Larousse)


Une fois de plus, alors que le soleil n'était pas encore levé, je parcourais les chemins qui sillonnent autour des étangs. Le printemps venant, l'aube arrivait un peu plus tôt chaque jour mais à chaque fois, c'était le même plaisir que de voir la boule rouge, orange ou jaune pâle, c'est selon, poindre à travers les arbres ou surgir de la plaine. L'air était encore frais, les pare-brises blancs des voitures en attestaient, et de la surface de l'eau apparaissaient des fumerolles paresseuses, fugaces écharpes qui se dispersaient au gré du vent.


Je n'avais pas franchement repéré d'endroit où me positionner pour attendre le lever du soleil, je flânais un peu, attentif au chant des oiseaux, profitant de l'instant. Je décidai cependant de forcer le pas pour trouver un point de vue qui permette quand-même de faire quelques photos. J'empruntai un sentier étroit bordé d'arbustes qui s'avance au milieu de l'une des gravières. La surface de l'eau devenait cuivrée et les reflets des arbres encore partiellement nus dessinaient des arabesques qui dansaient au milieu de la brume, à la faveur des rides qui naissaient sous la brise.


Les images qui se reflétaient à la surface de l'étang étaient irréelles, presque surréalistes. En contrôlant mes prises de vue sur l'écran de l'appareil, on avait une impression d'images surannées, presque sépia. Je peaufinais les cadrages pour essayer de donner de la force à ces portraits d'arbres sens dessus-dessous, tout en profitant de l'ambiance vraiment particulière qui se dégageait. L'instant était magnifique !


Alors que j'allais quitter l'isthme, je m'aperçus qu'une branche d'un végétal inconnu (je suis assez nul en botanique !) se détachait à contre-jour et les pointes des bourgeons étaient quasiment incandescentes. Je ressortis l'appareil que je venais de ranger et je refis quelques clichés. Sur l'image qui illustre ce texte, je trouve que la lumière baignant ces bourgeons est superbe, quelques fils de toile d'araignée font des guirlandes brillantes entre les fleurs. Ce n'est rien d'autre qu'une branche, au printemps, mais aussi l'illustration que la beauté est partout, nous avons souvent tort de ne pas en profiter plus. Émerveillons-nous, que diable, tout est là, juste sous nos yeux !



Une splendeur



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1 Comment


Samuel Garret
Samuel Garret
Apr 06, 2020

Salut Gilles.


Je deviens addict à tes publications. J'apprécie ton admiration de la beauté ordinaire et en même temps extraordinaire du monde. Quelle belle capacité à nous la faire partager. Merci beaucoup.

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